Lucia Masu
Lucia Masu est la lauréate 2021 de la bourse que le Quartier Culturel propose à un-e artiste fraîchement diplômé-e de l’EDHEA. En appliquant la méthodologie de l’archéologue qui fouille, collecte, analyse, répare, elle met en dialogue des éléments de son autobiographie avec le lieu de résidence, le lieu physique avec son jardin et son histoire et le lieu humain/non humain composé par les personnes qui y habitent et y travaillent. Interpellée par ce que signifie laver dans un lieu où l’on vient pour soigner les maux de l’esprit.
En écoutant les bruits dans le bâtiment du Laurier, elle a imaginé les draps de lits de Malévoz, témoins de nuits paisibles et de nuits agitées, les draps qui évoquent un sentiment de refuge et de protection, l’eau, l’inconscient et le non-faire qui peut restaurer.
Sur des draps, Lucia s’est mise à la peinture en reconstituant un monde sous-marin silencieux, où les plantes aquatiques s’inspirent de cellules ciliées présentes à l’intérieur du corps humain, pas très différent du milieu liquide des océans, un lieu où la vie se régénère, une archive silencieuse de choses oubliées et de fragments du passé. Dans cette dimension, les objets se métamorphosent en intégrant les éléments naturels, le vivant pousse entre les fissures et assume de nouvelles complémentarité capables d’interagir et de survivre. Les objets du quotidien et leur débris, coulés au fond de l’eau, deviennent des hybrides et leur unique but est d’être en relation sans devoir répondre à une fonction. Dans le contexte de l’hôpital, la maladie provoque également une perte de fonctionnalité, le masque social est mis de côté et il devient possible de cultiver l’espace entre les fissures, faire pousser les plantes aquatiques dans les blessures.
C’est ainsi que la métamorphose des assiettes s’est réalisée dans un travail collaboratif, comme une plongée dans le monde onirique du possible, un lieu aquatique de cohabitation, interaction, diversité et symbiose de formes vivantes et non vivantes.
